Soirée rencontre avec le poète Thanassis HATZOPOULOS

 Chers amis, Αγαπητοί μας φίλοι, 

Nous avons le plaisir de vous inviter, après les grandes vacances, à notre première manifestation culturelle de l’année 2012-2013:

Soirée rencontre avec le poète Thanassis
HATZOPOULOS

Le vendredi 31 août 2012 à 19h

à la libraire « Passages » 11, rue de Brest, Lyon 2e

 Autour de « Cellule » sa dernière œuvre poétique traduite
pour la première fois en français et publiée aux éditions Cheyne, en présence d’ Alexandre ZOTOS, son traducteur.

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Lectures de poèmes en français et en grec par Thanassis Hatzopoulos et la comédienne Maria Saltiri,

puis discussion avec le public suivie d’un apéritif.

Entrée Libre

Thanassis Hatzopoulos est également l’invité du festival « Lectures sous l’arbre » qui se déroule du 19 au 26 août 2012 au Lieu-dit Cheyne, 43400 Le Chambon-sur-Lignon. Le pays invité est la Grèce. (www.lectures-sous-larbre.com).

Bonnes vacances à tous !

Théâtre : Pays Natal, Dimitris Dimitriadis

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Pays natal  

création collective à partir de textes de Dimitri Dimitriadis 

Théâtre Liberté à Toulon

Quatre artistes, grecs et français, s’unissent pour imaginer un spectacle autour de la Grèce contemporaine: dans le contexte d’une actualité brûlante, s’entre-mêlent différentes écritures. Organisé autour de différents extraits de Léthé, de Dimitris Dimitriadis, le texte est également composé d’improvisations, de mythes anciens, d’articles de journaux, de guides touristiques, de véritables témoignages, et même de méthodes d’apprentissage du grec moderne. Ce patchwork offre un traitement réaliste de l’actualité aussi bien que des moments de poésie. Pays Natal propose un regard sur la crise qu’ébranle profondément la Grèce, cette crise qui est sur le point de devenir un cliché, elle aussi. Le sujet est abordé avec la légèreté que seul l’art peut avoir face à un tel sujet. L’humour est le moyen de s’engouffrer dans l’absurdité des clichés afin de les dépasser et de pouvoir porter un regard plus clairvoyant sur le sujet vaste et complexe de l’identité, ce lien qu’entretient chaque citoyen, quelque soit sa nationalité, avec son pays.

(Présentation extraite du site du Théâtre Liberté)

Entretien avec Dimitri Dimitriadis:

  France Culture – 20.05.2012 15H30   écoutez

Villes-Mondes: Thessalonique

Production: Yorgos Archimandritis

Réalisation: Marie-Ange Garrandeau

Technique: Claire Levasseur

La nuit tombe sur la ville de Thessalonique, quand nous allons à la rencontre d’un grand dramaturge européen de notre temps. Plus de quarante ans depuis Le Prix de la révolte au marché noir, sa toute première pièce de théâtre montée par Patrice Chéreau, il continue à scruter les faces obscures de la psyché. Le regard vif et fiévreux, la parole incisive et tourmentée, il se livre avec générosité et fait un bilan de sa vie à travers les liens très particuliers qu’il maintient avec celle qui est devenue son destin, sa ville-mère, Thessalonique…

Tarif: 14€

Adhérents DEFKALION: 12€

Etudiants / Prof.Spectacle / Demandeurs Emploi: 9€

 

Newsletter (mai 2012)

Pensez à renouveler votre adhésion pour 2012, c’est notre soutien principal ! Merci. Couple : 30 €, individuelle : 23 €

Chers amis, Αγαπητοί μας φίλοι,

 Nous vous invitons aux événements culturels suivants:

 388943_237896719606584_141845479211709_699562_1380589447_n.jpg Théâtre: «Pays
Natal»,
23 mai à 20h30 à la Salle Rameau

Une pièce de Dimitris Dimitriadis par
le Théâtre Liberté de Toulon.

Salle Rameau 29 rue de la Martinière, 69001 Lyon.

Tarif: 14€

Adhérents DEFKALION: 12€

Etudiants / Prof.Spectacle /
Demandeurs Emploi
: 9€
.

En partenariat avec la 5ème édition du Festival Printemps d’Europe

www.europeetcies.eu 

 Conte: «Heraclès», jeudi 31 mai à 20h30 à la Maison des Passages  

Les travaux d’Hercule racontés merveilleusement par Magda Kossidas (ci-joint le portrait de
l’artiste et le synopsis). A ne manquer sous aucun prétexte !!

Ce conte théâtralisé s’adresse à tous les publics à partir de 8
ans. N’hésiter pas à venir accompagnés de vos enfants et à faire passer le mot autour de vous.

Maison des Passages 44 rue St Georges 69005 (métro : Vieux Lyon)

Tarif normal: 10€

Adhérents DEFKALION: 8€

Réservations: chèques à l’ordre de Defkalion au 11 Place Raspail 69007 Lyon.

En partenariat avec les 27èmes «Paroles en Festival»

http://www.amac-parole.com/

  https://defkalion.fr/wp-content/uploads/2021/04/46347466_9858540.jpg Poésie: «Anthologie de la poésie grecque», samedi
2 juin 2012
 à 17h00 au «Bal des Ardents»
   

Defkalion fait la première présentation de la “Anthologie de la poésie grecque, 1975-2005” en présence des auteurs
et traducteurs Démosthène Agrafiotis, Kostas Nassikas et Hervé Bauer. Editions L’Harmattan, mars 2012.

Librairie Le Bal des Ardents 17 rue Neuve, 69001
Lyon

 

Entrée libre et gratuite

 https://defkalion.fr/wp-content/uploads/2021/04/p_2048_1536_5c74f9b4-d295-4b1c-9ca9-7609a95dd52a.jpg Fête estivale:
«Kafeneio»,
samedi 9 juin 2012 à 18h00 aux Missions Africaines

Nous nous retrouverons autour d’un «mézé» (café, ouzo, apéritif
dinatoire et gateaux traditionnels) dès 18h et jusqu’à 22h avec les musiques de Dimitris Zambrakis! Vous y trouverez aussi, comme chaque
année, notre salon de livres, cd et dvd pour vos moments de détente de l’été (présence de la librairie Rive Gauche avec une sélection de livres).

Missions Africaines «les Cartières» 36 route de la gare 69630 Chaponost

Tarif normal: 8€

Adhérents DEFKALION: 6€

Enfants+12 ans/DemandeursEmploi: 4€.

Réservations: chèques à l’ordre de Defkalion au 11 Place Raspail 69007 Lyon.

 Venez nombreux à tous ces événements et parlez-en à vos amis !                       

 Et quelques mots pour notre dernière manifestation. Le Printemps des Poètes nous a rajeunis avec les Passeurs
d’Europe, ainsi que par la présence de Thanassis Hatzopoulos qui nous a charmé par sa maturité. Nous remercions encore les amis de
l’association qui ont contribué à la qualité de ces moments : Dorothée Hadjisavvas pour sa participation aux Passeurs d’Europe, Maria Saltiri, Benjamin Frank, le quartet DIBOUK et le traducteur Alexandros ZOTOS pour la soirée de poésie autour de Thanassis
Hatzopoulos! Nous sommes reconnaissants au Centre Culturel de l’INSA pour son soutien, la mise en disposition du lieu et l’édition du livret bilingue avec les poèmes
de la soirée.

Rencontre de conteurs : HERAKLES par Magda Kossidas

Rencontre de conteurs : HERAKLES par Magda Kossidas

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HERAKLES

Narration: MAGDA KOSSIDAS

Entrée : 8€

Tout public à partir de 8 ans

durée: 90 min

L’histoire:

« Il est fils de Zeus mais sa haute naissance est éclipsée par sa vaillance : à force de labeurs, il a conduit les hommes à la sérénité de vivre, abolissant pour eux l’épouvante des monstres ! » Euripide, Les Folies d’Heraklès Heraklès, de son premier nom Alcide, fils de Zeus et de la mortelle Alcmène, est l’un des héros les plus vénérés de la Grèce antique. La mythologie grecque lui prête un très grand nombre d’aventures qui le voient voyager à travers le monde connu des Doriens puis de toute la Méditerranée à partir de l’expansion de la grande Grèce, jusqu’aux Enfers, et dont les plus célèbres sont les douze travaux. Il apparaît déjà chez Homère, ce qui témoigne de l’ancienneté de sa geste héroïque. Contexte et portée : Heraklès, que les Latins appelaient Hercule, est le héros le plus célèbre et le plus populaire de la mythologie classique. Il représentait ce qui forçait le plus l’admiration des grecs : la force physique, une suprême confiance en soi, la sensibilité, le courage. Demi-dieu, surhomme, Heraklès n’en incarne pas moins l’humanité, envahi de remord et désirant réparer ses fautes. La fascination qu’exerce ce récit est en partie expliquée par son caractère initiatique, les épreuves subies par Heraklès renvoyant chacun à sa propre quête identitaire. Les récits qui lui sont consacrés constituent un cycle entier de la mythologie, en évolution permanente depuis l’époque préhellénique jusqu’à la fin de l’Antiquité.

Biographie de Magda Kossidas

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Née en Grèce, Magda Kossidas est arrivée en France à l’âge de 18 ans. Après un parcours universitaire orienté vers l’histoire et les sciences de l’éducation, elle se consacre au conte et aux arts du récit. Elle a créé plusieurs spectacles et pris part à divers festivals culturels en France et à l’étranger, dans lesquels ses origines grecques tiennent une place prépondérante. Elle a également produit une série de spectacles destinés aux tout-petits et assure des formations d’initiation et de perfectionnement pour “apprendre à raconter aux tout-petits”. Son expérience de plus de dix ans de conte au sein des écoles l’a conduite à proposer une formation, destinée aux personnels en contact avec les enfants, amenant à réfléchir sur l’exploitation psycho- pédagogique des contes. Depuis 2005, elle a rejoint l’atelier Fahrenheit où elle travaille en collaboration avec Bruno de la Salle sur la narration et l’épopée.

Newsletter (février 2012)

Chers amis, Αγαπητόι μας φίλοι, 

Nous avons été plusieurs à nous retrouver lors de notre Assemblée Générale le 14 janvier et nous avons été nombreux à remplir la salle du Périscope pour  apprécier le concert du groupe « Kaïmaki ».

Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous inviter à deux moments forts du Printemps des Poètes 2012 dont  le thème cette année est : «  Enfances »

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# Les mardi 6, mercredi 7 et jeudi 8 mars à 20h

 avec les  Passeurs  d’Europe

 Defkalion présente pour la Grèce le poète
Yannis Ritsos (1909-1990) et son poème « Les cigales »

 Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Réservation au 04 78 62 89 42  au Théâtre des Asphodèles

17bis impasse Saint Eusèbe 69003 Lyon.

 # Le vendredi 16 mars 2012 à 20hattachment.jpeg

le poète Thanassis HATZOPOULOS, venu de Grèce pour l’événement et son traducteur Alexandre ZOTOS animeront une  

soirée de poésie exceptionnelle

à l’INSA -amphithéâtre René Char –

 Avenue Jean Capelle et rue des Humanités 69100 Villeurbanne 

entrée libre

Notez déjà dans vos agendas le jeudi 31 mai à 20h la conteuse Magda Kossida viendra pour  nous raconter le mythe d’Hercule à la Maison des Passages (44, rue Saint Georges, 69005 Lyon) dans le cadre de la 27ème édition de « Paroles en festival ».  


Newsletter (décembre 2011)

Chers amis, Αγαπητοί μας φίλοι,

Nous avons le plaisir de vous inviter à nos prochaines manifestations en 2012:

 Samedi 14 janvier à 16h30 Vassilopita et Assemblée Générale au Pavillon Nord

Nous commencerons par tirer les rois à 16h30 en partageant notre Vassilopita  avant de nous réunir pour notre Assemblée Générale de 17h30 à 19h30

ordre du jour, pouvoir, réservation 

Pensez à renouveler votre cotisation pour l’année 2012 (coupon ci-joint) !

Pavillon Nord, Place des Pavillons, 232 rue Marcel Mérieux 69007, Métro Debourg, Ligne B, sortie Challemel  Lacourt. Entrée gratuite. RSVP

 Samedi 28 janvier à 21h concert de jazz : « Kaïmaki » au Périscope 

kaimaki concert programme

·     Nous avons la joie de faire connaître au public lyonnais les jeunes musiciens très talentueux du groupe parisien « Kaïmaki ». Leur œuvre rend hommage aux liens de la
France et de la Grèce. Réservez vite vos places (nombre de places assises limité)!

·     Nous vous proposons un apéritif dinatoire pour prendre un moment avant le concert de 20h à 21h.

Réservation obligatoire grâce au coupon ci-joint (assiette froide, nombre de places limité).

Périscope 13, rue Delandine 69002 à deux pas de la Brasserie Georges. Entrée payante sur
réservation. Réservation obligatoire pour l’apéritif.

  Adhesion 2012 – Réservations

Et puis, nous vous proposons de noter d’ores et déjà nos autres rendez-vous :

 Vidéo-Club quelques jeudis dans l’année à 20h à La Belle Équipe

·     12/01 “Reconstitution” (Αναπαράσταση) de Théo Angelopoulos

·     02/02 “Grèce: les braises de la révolte” de Cyril Lafon & Danaé Otatzi, en présence du réalisateur.

·     22/03 “Real Life” (Αληθινή Ζωή) de Panos Koutras

·     26/04  “Theofilos” (Θεόφιλος) de Lakis Papastathis

Salle de projection du restaurant «La Belle Equipe»,  32 rue des Tables Claudiennes Lyon 69001. Entrée gratuite. 

Le Printemps des Poètes 2012 aura pour thème cette année « Enfances » :

·     Les 5, 6, et 7 mars nous serons cette année encore avec les Passeurs d’Europe au Théâtre des Asphodèles pour présenter un poème de Yiannis Ritsos. Entrée gratuite. 

·     Et le 16 mars au soir nous accueillerons Thanassis Hatzopoulos talentueux poète grec qui viendra à l’INSA spécialement pour l’occasion. Entrée gratuite. 

Avant de vous dire au revoir, deux mots pour nos dernières manifestations :

Nous avons été touchés par la rencontre avec l’œuvre du cinéaste Nikos Papatakis (1918-2010) lors de notre Hommage les 13, 14, 15 et 16 octobre dernier. Pour cela la présence du réalisateur Timon Koulmassis a été importante. Nous remercions encore une fois nos sponsors : Parakalo, Héliades, la librairie Rive Gauche ainsi que nos partenaires la Belle Equipe et les Cinémas Opéra et Le Zola.

Ensuite, le 4 novembre, nous avons été agréablement surpris de voir que le scientifique Sotiris LOUCATOS  a rassemblé les forces vives de l’INSA pour sa conférence ! Merci au Service Culturel de l’INSA pour la mise à notre disposition de ce bel amphithéâtre qui a débordé de monde.

 Nous vous souhaitons de passer un Joyeux Noël et des belles fêtes de fin d’année avec vos proches ! 

On vous attend avec vos amis à nos manifestations dès janvier prochain !
Χαρούμενα Χριστούγεννα και καλή Πρωτοχρονιά

Amicalement,
Φιλικά

                                        Le Bureau

 

Papatakis le réfractaire par Miche Ciment

Papatakis le réfractaire

Michel Ciment

Cinéaste rare et parcimonieux (six films en trente ans), Nico Papatakis apparaît aujourd’hui, dans ce monde où fait retour le politique, où l’exclusion est plus que jamais d’actualité, comme un auteur essentiel. Qu’il soit inclassable, qu’aucune étiquette ne puisse le définir n’est sans doute pas pour rien dans sa marginalisation au sein de la «grande famille du cinéma» comme aux regards de la critique. Mais être un homme de l’ombre n’est pas pour déplaire à ce créateur discret qui n’a jamais revendiqué
une place parmi les professionnels de la profession. Ce n’est pas seulement parce que ses projets font peur ou dérangent (une adaptation des Jouets de Georges Michel, un film sur Lumumba, un autre, Oracle Perforé, réflexion philosophique sur le crime productif) que Papatakis ne nous a pas donné une filmographie plus  abondante. Chaque tournage naît pour lui d’une nécessité profonde et ses activités politiques et militantes, le temps de la réflexion ou tout simplement la sphère privée comptent bien plus à ses yeux que la poursuite d’une carrière. Il ignore l’angoisse du prochain film, le désir de tourner le plus rapidement possible.

Né en 1918 à Addis Abeba d’un père grec et d’une mère éthiopienne, déchiré entre deux cultures, rejeté par l’une ou l’autre communauté, Papatakis sera sensible toujours aux clivages, aux injustices, à l’errance des damnés de la terre. Partie prenante de toutes les luttes révolutionnaires, il se battra dans sa jeunesse
en Ethiopie contre les armées de Mussolini puis dans le pays de son père contre la dictature de Metaxas, connaitra en France l’occupation allemande, aidera les indépendantistes algériens, participera à la résistance contre les colonels grecs. Il n’en fera pas pour autant des «fictions de gauche» où se retrouveraient la bonne conscience et l’humanisme tiède.

C’est qu’il s’est forgé une conception de l’art exigente, inséparable d’une rigueur morale, au contact des surréalistes et des existentialistes (deux familles spirituelles qui s’opposèrent pourtant maintes fois). Animateur de “la Rose Rouge”, le cabaret le plus célèbre du Saint-Germain des Prés de l’après-guerre qui accueillit Gréco, Mouloudji, les Frères Jacques, Yves Robert, il fut proche de Prévert et de Sartre et plus encore de Genet dont il produisit l’unique film Un chant d’amour avant de s’inspirer d’un épisode de sa vie pour Les Equilibristes. C’est le même intérêt pour le cinéma qui lui fait envisager de produire La Question d’Henri Alleg mis en scène par Resnais ou de se retrouver à New-York aux côtés de Cassavetes pour Shadows.

Lorsqu’il fait ses débuts à 45 ans derrière la caméra avec Les Abysses (inspiré du même fait divers qui avait donné naissance aux Bonnes de Genet), riche d’une expérience artistique, intellectuelle et politique considérable, il sera salué par ceux même qui lui avaient montré le chemin. Prévert et Sartre applaudissent la réussite de son film. Genet déclare : «Il est possible qu’on s’indigne de la ténacité avec laquelle Nico Papatakis a su saisir et conduire ce paroxysme pendant deux heures. Mais
je crois qu’on doit accepter de garder les yeux grands ouverts quand un acrobate exécute un numéro mortel». Et Breton «Eros et l’instinct de mort», couple indissoluble en butte à une tension sociale telle que ces deux machines se rechargent l’une l’autre jusqu’à l’incandescence ; avec Les Abysses nous sondons l’éperdu des passions humaines». Car la bataille fut rude. Après son rejet par le comité de sélection au festival de Cannes, le film fut imposé par André Malraux, Ministre de la Culture, aussi sensible que ses pairs à l’importance de l’œuvre. Le président du syndicat des producteurs français, Francis Cosne, donna sa démission en signe de protestation et Les Abysses provoqua le scandale sur la Croisette. Notre époque de consensus mou ne peut imaginer la violence des réactions que suscitèrent les premières œuvres de Papatakis, Gloria Mundi retiré de l’affiche après qu’un attentat à la bombe ait dévasté une salle UGC aussi bien que Les Pâtres du désordre choquant les biens pensants.

C’est que Papatakis est un réfractaire. Fuyant aussi bien la psychologie que la chronique réaliste, ses films sont autant de fables du monde où se jouent les rapports (et les luttes) de classe, où le sexuel et le social sont intimement liés. Chacun de ses films est une peinture de l’humiliation et un cri de révolte ; dans Les Abysses, deux bonnes se vengent de leurs maîtres ( on y a vu une métaphore de la lutte des algériens contre les colons français) sous le regard de Mademoiselle, une bonne âme libérale et dérisoire. Dans Les Pâtres du désordre, le cinéaste renverse les clichés du drame pastoral et d’une Grèce touristique. Son héros, un berger illettré, immigré de retour au pays, se heurte à des forces qui visent son anéantissement. La famille, la religion, la police s’acharnent contre un homme déchiré qui transgresse les limites par l’amour fou qui le lie à une femme et qui les conduira à la mort comme les héros de ces films noirs américains (High Sierra par exemple) si chers à Papatakis. Dans Gloria Mundi, réflexion sur la torture, l’héroïne est humiliée par tous ceux qui l’entourent, d’un sculpteur aux mondains chez qui elle est invitée. Dans La Photo, un jeune grec venu travailler en France invente pour celui qui l’accueille une sœur imaginaire restée au pays dont son hôte devient amoureux. Sa mise en scène du mensonge qui nourrit le fantasme de l’exilé met en marche le mécanisme d’une lente destruction. Dans Les Equilibristes, un grand écrivain fait de son jeune amant sa chose et exerce à travers lui sa volonté de puissance en le transformant en funambule virtuose.

Nous sommes conscients de ce que peuvent avoir de réducteur de tels résumés succints car il faut admirer au contraire chez Papatakis la complexité d’une approche qui mêle la sévérité à l’ironie. Tous ses films sont marqués au sceau de l’obsessionnel mais aussi du rituel. La fête de Pâques des Pâtres du désordre, les
numéros sous le chapiteau des Equilibristes, les chorégraphies intrigantes des servantes des Abysses, les jeux imaginaires des deux ouvriers grecs de La Photo sont nourris par la culture théâtrale de l’auteur comme par sa réflexion philosophique. Son cinéma est celui de la démesure mais d’une démesure qui se développe progressivement à partir d’une attention scrupuleuse au réel. Claude Levi-Strauss notait déjà à propos des Pâtres du désordre que le film présentait un «intérêt considérable pour un ethnologue car il part de l’observation la plus concrète, la plus minutieuse et la plus véridique des coutumes d’une société pour s’épanouir progressivement dans toute la splendeur d’une mythologie». Chaque film de Papatakis témoigne en effet d’un passage du réel à l’imaginaire.

Tous ses personnages sont en un sens eux-mêmes des metteurs en scène, certains d’entre eux allant jusqu’à organiser leur suicide méticuleusement. Chez Papatakis nous assistons au retour de la tragédie mais elle n’est pas l’œuvre des dieux antiques mais bel et bien celle de toutes les aliénations psychiques et sociales qu’engendrent l’hypocrisie et le conformisme politique, moraux et religieux. Chacun de ses héros pourrait s’écrier comme le berger des Pâtres du désordre «l’heure admirable où la mort m’a choisi». Car Papatakis refuse les fins apaisantes. Sa subversion est de croire que l’espoir naît de la négation. En ce sens il est proche du seul cinéaste auquel sa démarche s’apparente :
Luis Buñuel, autre irréductible, autre artiste à la trajectoire exemplaire, hostile à tous les compromis. Ils partagent la même distanciation, le même refus d’identification par rapport à leurs personnages, la même conception aussi d’une mise en scène qui ne fétichise jamais la technique et où le mouvement dramatique s’opère par la fusion des comédiens, du texte et de la plastique sans qu’aucun des éléments constitutifs du film n’attire sur soi l’attention.

Ce que nous dévoile Papatakis, c’est une beauté sans fioritures nourrie par une conscience morale. Ses récits sont autant de machines infernales où se trouve piégés des personnages solitaires. Le souffle qui traverse ses films est celui, vivifiant, qu’apporte un cinéma métis. Papatakis ne sera ni le premier ni le dernier de ces étrangers (de Buñuel à Ruiz et Ferreri) qui font bifurquer les sentiers dans les jardins parfois trop bien ordonnés du cinéma français.

source: http://www.festival-larochelle.org/taxonomy/term/250